Page:Stevenson - Catriona.djvu/28

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« Lui-même, répondit-il ; et si la question n’est pas indiscrète, qui pouvez-vous bien être vous-même ?

— Vous n’avez jamais entendu parler de moi, lui dis-je, mais je vous apporte comme introduction le gage d’un ami que vous connaissez bien,… et je répétai en baissant la voix,… que vous connaissez très bien… Seulement, le moment n’est peut-être pas propice pour vous entretenir de lui ! Je dois vous dire, d’ailleurs, que le genre d’affaire dont il s’agit est de nature confidentielle, et j’aimerais à savoir que nous sommes seuls. »

Il se leva sans mot dire, repoussa ses papiers comme un homme ennuyé d’être dérangé, envoya son clerc faire une commission quelconque et referma la porte sur lui.

« Maintenant, monsieur, dit-il, en revenant, vous pouvez parler franchement. Pourtant, cria-t-il, attendez ! je reconnais en vous ma famille ! ou bien vous êtes un Stewart, ou c’est un Stewart qui vous envoie… C’est un beau nom, je ne le nie pas, et ce n’est pas à moi à le tourner en ridicule, car c’est le nom de mon père ; mais voyez-vous, dès que j’en entends le son, je commence à m’irriter malgré moi !

— Je m’appelle Balfour, répondis-je, David Balfour de Sharos, et quant à celui qui m’envoie, je n’ai qu’à laisser parler cet objet. »

Et je lui montrai le bouton d’argent que je tenais d’Alan.

« Remettez cela dans votre poche, monsieur, s’écria-t-il comme saisi de crainte ; inutile de prononcer le nom ! je connais son bouton et que le diable l’emporte ! Où est-il maintenant ? »

Je lui répondis que je ne savais pas au juste où était Alan, mais que ce devait être quelque part, en sûreté (il le croyait du moins), vers le Nord, où il resterait jusqu’à ce qu’on pût lui procurer un navire pour aller en France. J’expliquai ensuite par quel moyen on pouvait communiquer avec lui.