Page:Stevenson - Catriona.djvu/289

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« N’est-ce pas ce même Alan Breck qui a été soupçonné dans l’affaire d’Appin ? » demanda-t-il.

Je lui répondis affirmativement, et il se mit à me poser maintes questions sur mes relations avec Alan, sur sa manière de vivre en France, et sur sa prochaine visite.

« Je m’intéresse à tous les exilés, dit-il ensuite ; d’ailleurs, je le connais ; bien que sa naissance soit irrégulière, et qu’il n’ait pas le droit de porter le nom de Stewart, il fut très apprécié à la bataille de Drummossie ; il se conduisit en soldat ; si tous avaient fait comme lui, nous aurions été vainqueurs. Nous sommes deux qui avons accompli notre devoir ce jour-là, et c’est un lien entre nous. »

J’eus peine à m’empêcher de lui répondre et j’aurais donné beaucoup pour qu’Alan fût là pour le forcer à s’expliquer au sujet de sa naissance, même s’il était vrai qu’il y eût quelque chose à dire à ce sujet.

Je décachetai alors la lettre de miss Grant et je ne pus retenir une exclamation.

« Catriona ! m’écriai-je, oubliant pour la première fois, depuis l’arrivée de son père, de l’appeler Miss Drummond, mon oncle est mort ! me voilà seigneur de Shaws ! »

Elle battit des mains et sauta sur son siège. Mais, après une seconde, la pensée de ce qui nous séparait l’un de l’autre nous arrêta net, et nous restâmes silencieux et attristés.

James More, au contraire, ne perdit pas la tête.

« Ma fille, dit-il, est-ce ainsi qu’on vous a appris à vous conduire ? M. David a perdu un proche parent, nous lui devons d’abord des condoléances.

— En vérité, monsieur, m’écriai-je en me tournant vers lui avec impatience, car cette comédie m’était insupportable, en vérité, sa mort est la meilleure nouvelle que je puisse recevoir.