Page:Stevenson - Catriona.djvu/297

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ser, vous l’avez avoué tout à l’heure : « rien n’était plus loin de votre pensée ! »

— C’est lui qui m’en a parlé le premier, c’est vrai ; mais, Catriona, croyez-vous que je n’y songeais pas ? »

Elle se mit à marcher de plus en plus vite, les yeux perdus dans le vide. Un instant, je crus qu’elle allait courir.

« Sans cela, continuai-je, après ce que vous m’aviez dit vendredi dernier, je n’aurais jamais osé vous faire cette demande ; mais puisqu’il voulait bien m’encourager, j’ai cru… »

Elle s’arrêta et se tourna vers moi.

« Eh bien ! en tout cas, je refuse, et qu’il n’en soit plus question !… » Et elle se remit à marcher.

« Je pensais que je n’aurais pas une meilleure réponse, dis-je ? Mais il me semble que vous auriez pu essayer d’être bonne pour moi en cette circonstance, je ne vois pas pourquoi vous seriez dure. Je vous ai beaucoup aimée, Catriona (vous permettez bien que je vous donne ce nom une fois encore ?). J’ai toujours agi dans votre intérêt, j’essaye de faire de même maintenant. Je ne comprends pas que vous puissiez prendre plaisir à me causer de la peine.

— Ce n’est pas à vous que je pense ! c’est à cet homme, qui est mon père !

— Soit, même à cet égard, je serais encore en mesure de vous être utile ; disposez de moi, il faut que nous nous entendions, car il va être furieux du résultat de notre entrevue. »

Elle s’arrêta encore.

« Parce que je suis compromise, d’après lui ?

— C’est là-dessus qu’il s’appuie, mais je vous ai déjà engagée à ne pas tenir compte de cela ! C’est absurde !

— Cela m’est égal, j’aime mieux être compromise ! s’écria-t-elle. »