Page:Stevenson - Catriona.djvu/299

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votre père ! criai-je. Je l’ai provoqué ce matin même dans votre intérêt. Je le provoquerai encore ! Peu m’importe lequel des deux tombera… Allons ! Suivez-moi à la maison et que ce soit fini ! Que ce soit fini avec votre clan tout entier ! Vous aurez peut-être des regrets quand je serai mort. »

Elle secoua la tête avec un sourire moqueur.

« Souriez tant qu’il vous plaira. J’ai vu votre cher père rire jaune ce matin. Je ne veux pas insinuer qu’il eut peur de se battre, mais il préférait l’autre moyen.

— Que voulez-vous dire ?

— Quand je lui ai offert de nous battre…

— Vous avez proposé à James More de se battre.

— Certainement, et je l’y ai trouvé assez peu disposé. Sans cela, nous ne serions pas ici ?

— Expliquez-vous.

— Son idée était de vous obliger à devenir ma femme. Je lui ai répondu que le choix dépendait de vous et qu’il me fallait vous parler librement, avant tout. « Et si je refuse ? » m’a-t-il dit. « Si vous refusez, il faudra se couper la gorge, lui ai-je répliqué, car je ne veux pas d’une femme obtenue « par force. » Telles ont été mes paroles ; c’étaient celles d’un ami, j’en ai été bien récompensé ! Maintenant que vous m’avez repoussé de votre plein gré, il n’y a personne au monde qui puisse faire accomplir ce mariage ; soyez tranquille, je veillerai à ce que vos désirs soient respectés sur ce point. Mais je crois que vous auriez dû, ne fût-ce que par convenance, me témoigner quelque reconnaissance ! Si j’ai été trop hardi avec vous, c’était par faiblesse, par surprise ; mais me croire un lâche et un homme aussi lâche que cela ! Mieux vaudrait un coup de poignard, mademoiselle !

— David ! comment aurais-je pu me douter ? Oh ! c’est affreux ! Moi et les miens, nous ne sommes plus dignes de vous parler ! Oh ! je voudrais m’agenouiller devant