Page:Stevenson - Catriona.djvu/307

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placée ; mais, comment voulez-vous remédier à cela ? Les femmes ne savent pas se conduire elles-mêmes ; ou elles aiment, et alors, tout va bien ; ou elles n’aiment pas, et alors, il n’y a rien à faire. Voyez-vous, il y a deux sortes de femmes : celles qui vendraient leur chemise pour vous, et celles qui ne regardent seulement pas le chemin où vous marchez. Voilà ce que c’est que les femmes, et vous êtes un fameux imbécile si vous ne savez distinguer les unes des autres !

— C’est peut-être mon cas, en effet.

— Cependant, il n’y a rien de plus aisé ; il me serait facile de vous donner quelques leçons, mais vous me paraissez aveugle et par trop naïf !

— Vous ne pouvez donc me donner aucun conseil ?

— Le malheur, David, c’est que je n’étais pas là, je n’ai rien vu : je suis comme un général en campagne qui n’aurait que des aveugles pour espions et pour éclaireurs. Je suis sûr que vous avez fait quelque bêtise et si j’étais à votre place, je tenterais encore la chance.

— Vous le feriez vraiment ?

— Certainement oui. »

La troisième lettre de France interrompit cette conversation, et on va constater combien elle arriva à propos. James prétendait être inquiet de la santé de sa fille qui, je suppose, n’avait jamais été meilleure ; sa lettre était pleine de compliments et se terminait par une invitation à aller les voir à Dunkerque.

« Vous devez maintenant jouir de la visite de mon vieux camarade Alan Stewart ; pourquoi ne pas l’accompagner à son retour en France ? J’ai quelque chose de très particulier à lui dire et je serais heureux de revoir un ancien compagnon d’armes. Quant à vous, cher monsieur, ma fille et moi nous serons fiers de recevoir notre bienfaiteur, que nous aimons comme un frère et comme un fils. Le gentilhomme français n’est qu’un