Page:Stevenson - Catriona.djvu/31

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une robe neuve convenable pour sa position ; ce serait une satisfaction pour moi, car véritablement, nous lui devons la vie tous les deux.

— Je suis bien aise de voir que vous ne gaspillez pas votre argent, monsieur Balfour, dit-il en achevant d’écrire.

— J’en serais bien fâché aux premiers jours de ma fortune, monsieur Stewart, répondis-je ; et maintenant, si vous vouliez calculer le total de la dépense et vos honoraires, j’aimerais à savoir s’il me reste quelque argent de poche. Ce n’est pas que je ne sois prêt à vous laisser le tout pour qu’Alan soit conduit en sûreté sur le continent. Mais comme, pour la première fois, j’ai retiré une grosse somme de la Banque, il me semble que cela me donnerait un mauvais air de revenir dès le lendemain chercher de l’argent. Prenez tout ce qu’il faut cependant, car je ne suis pas très désireux de vous revoir.

— Je vois que vous avez encore une qualité : la prudence, mais ne craignez-vous pas de laisser tant d’argent à ma disposition ?

— Je tiens à en courir la chance, répliquai-je ; ah ! mais j’ai un dernier service à vous demander, c’est de m’indiquer un logis ; je n’ai pas de gîte pour ce soir, mais il me faudrait un logement que j’aie l’air d’avoir trouvé par hasard, car il n’est pas à désirer que M. l’avocat général ait connaissance de mes relations avec vous.

— Que votre esprit soit en repos là-dessus, monsieur, je ne prononcerai pas votre nom, mais j’ai encore assez bonne opinion de l’avocat général pour croire qu’il ne connaît pas votre existence. »

Je vis que j’avais pris mon homme à rebours.

« Alors, répondis-je, un mauvais jour se lève pour lui, car il fera ma connaissance bon gré, mal gré ; pas plus tard que demain, il aura ma visite.

— Votre visite ! répéta Stewart abasourdi, suis-je fou