Page:Stevenson - Catriona.djvu/315

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par hasard que la fille de James More se promenait dans ces parages ?

Toutes ces questions se pressaient à mon esprit.

Tout à coup, je vis une chaloupe venant du bâtiment et portant un officier à son bord, s’approcher du rivage, puis s’arrêter comme pour attendre. Je m’assis derrière un buisson pour me rendre compte de ce qui allait se passer. Catriona alla droit vers la chaloupe lorsque celle-ci aborda, l’officier la salua poliment et ils se dirent quelques mots : je vis une lettre passer d’une main dans l’autre et Catriona reprit le chemin qu’elle avait suivi. En même temps, comme s’il n’avait pas eu d’autre affaire sur le continent, le canot regagna le vaisseau, mais je remarquai que l’officier était resté à terre et il disparut derrière les dunes.

Cette scène rapide m’avait atterré. C’était bien un guet-apens que je venais de surprendre, mais de qui voulait-on s’emparer ? s’agissait-il d’Alan ou de Catriona ? Tous les doutes, tous les soupçons m’étaient permis. La jeune fille marchait maintenant, la tête basse, les yeux fixés sur le sable : elle me paraissait si belle, si pure que je ne pus admettre l’idée d’une trahison ou d’une complicité de sa part. Après quelques pas, elle leva la tête et me vit devant elle ; elle changea de couleur aussitôt, hésita, et reprit lentement sa course.

À sa vue, craintes, soupçons, tout s’évanouit dans mon cœur, je ne pensai plus qu’à elle et je l’attendis avec un frisson d’espérance.

« Me pardonnerez-vous de vous avoir suivie ? lui dis-je.

— Je sais que vos intentions sont toujours loyales, répondit-elle, mais pourquoi envoyez-vous de l’argent à cet homme ? ajouta-t-elle tout à coup. Cela ne devrait pas être !