Page:Stevenson - Catriona.djvu/326

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« Pauvre James ! » fit-il seulement, en secouant la tête, comme un homme qui en sait plus qu’il n’en dit.

Nous lui montrâmes la lettre du capitaine Palliser et sa figure s’allongea.

« Pauvre James ! répéta-t-il, il y a de pires individus que lui, mais cela est bien mal ! Vraiment, je ne l’en aurais pas cru capable ! Voilà une triste lettre et je ne vois pas en effet l’avantage que nous aurions à la rendre publique. « C’est un vilain oiseau que celui qui souille son propre nid. » Ne sommes-nous pas tous Écossais et Highlanders ? »

Sauf peut-être Alan, nous en fûmes d’accord et nous le fûmes encore plus sur la question de notre mariage, que Bohaldie prit en mains comme si James More n’eût pas existé. Il conduisit Catriona à l’autel avec de belles manières et d’aimables compliments en français. Ce ne fut qu’après la cérémonie et quand tous eurent bu à notre santé, qu’il nous confia que James était à Paris où il nous avait précédés de quelques jours ; il ajouta qu’il était malade et en danger de mort.

Je lus aussitôt sur le visage de ma femme quelle était sa pensée.

« Allons le voir, lui dis-je.

— Merci d’y consentir », répondit-elle.

Il était logé dans le même quartier que son cousin ; on nous indiqua une grande maison d’angle et le son de la cornemuse nous guida jusqu’au grenier où nous le trouvâmes : pour charmer son ennui, il avait emprunté à Bohaldie son cher instrument de musique et, bien qu’il fût loin d’avoir le talent de son frère Rob, il jouait bien et les Français s’arrêtaient dans l’escalier pour l’écouter. Il était couché sur un petit lit et au premier regard, je vis qu’il ne s’en relèverait pas ; triste lieu pour mourir assurément, mais malgré tout, je sentis que j’aurais de la peine à le supporter jusqu’à la fin. Sans