Page:Stevenson - Catriona.djvu/62

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coup de personnes honorables qui le portent. Et maintenant, je me souviens d’un jeune homme de ce nom qui marchait comme sergent dans mon bataillon en 1745.

— Je pense que ce devait être un frère de Balfour de Baith, répondis-je.

— Justement, monsieur ; et puisque j’ai eu pour camarade un de vos parents, permettez-moi de vous serrer la main. »

Il la prit longuement et tendrement, me jetant des regards affectueux comme s’il avait retrouvé un frère.

« Ah ! oui, reprit-il, les temps sont bien changés depuis que votre cousin et moi nous entendions les balles siffler à nos oreilles.

— Ce devait être un cousin très éloigné, dis-je sèchement, et je dois vous dire que je n’ai jamais vu ce personnage.

— Bien, bien, monsieur, peu importe, je ne crois pas vous avoir jamais vu non plus, car votre figure n’est pas de celles que l’on oublie.

— À l’époque dont vous parlez, j’étais sur les bancs de l’école.

— Si jeune ! s’écria-t-il, alors, vous ne comprendrez jamais ce que cette rencontre est pour moi ! À l’heure de l’adversité et ici dans la maison de mon ennemi, rencontrer le sang d’un de mes anciens frères d’armes ! Cela me rend du courage, monsieur Balfour, comme le son des cornemuses des Highlands. Monsieur, nous sommes plusieurs qui pouvons faire de tristes réflexions sur le passé et jusqu’à en pleurer parfois ! J’ai vécu dans mon pays comme un petit roi ; mon épée, mes montagnes et la fidélité de mes amis me suffisaient. Aujourd’hui, je suis enfermé dans un donjon sordide ! Et savez-vous, monsieur Balfour, savez-vous, monsieur, que je manque du nécessaire ! La malice de mes ennemis m’a dépouillé de tous mes biens. Je souffre, comme vous