Page:Stevenson - Catriona.djvu/88

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vous pendre, je ne vous oublierai jamais ; je pourrai vieillir, mais je me souviendrai toujours de vous ! Je trouve qu’il est beau de mourir ainsi, je vous envierai ce gibet.

— Qui sait cependant ? Je ne suis peut-être qu’un enfant effrayé par des chimères ? Ils ne font peut-être que se moquer de moi ?

— C’est ce que je voudrais savoir ; dites-moi toute l’histoire. Le mal est fait maintenant, et je veux tout entendre. »

Je m’assis sur le talus et elle prit place à côté de moi, et je lui racontai tout ce qui était arrivé, sauf ce que je pensais de la conduite de son père.

« Eh bien, dit-elle quand j’eus fini, vous êtes un vrai héros et je ne l’aurais jamais deviné. Oui, je crois que vous êtes en danger. Oh ! ce Simon Fraser ! Quel homme ! Pour sa vie et un peu de sale argent, faire un tel marché !… Mais, mon Dieu, regardez le soleil ! »

Il disparaissait derrière les montagnes. Elle me pria de revenir bientôt, me serra la main et s’éloigna, me laissant dans un bien-être délicieux. Je n’étais pas pressé de réintégrer mon domicile, car j’avais la terreur d’être arrêté. Je pris quelque nourriture dans une auberge, et pendant la moitié de la nuit, j’errai dans les champs avec un tel sens de la présence de Catriona, qu’il me semblait la tenir dans mes bras.