Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sur la rive du Sud on a bâti un quai pour le service des passagers ; au bout du quai, au delà de la route adossée à un joli jardin de lierre et d’aubépine, je pouvais voir la bâtisse qu’on nomme l’auberge de Hawes.

La ville de Queen’s ferry est située plus à l’ouest, et les environs de l’auberge paraissaient fort solitaires à ce moment de la journée, car le bateau venait de partir pour le Nord avec ses passagers.

Il y en avait pourtant un qui se tenait près du quai, avec quelques matelots endormis sur les bancs de nage. C’était, à ce que me dit Rançon, le bateau du brick, qui attendait le capitaine.

À un demi-mille de là, seul à l’ancrage, il me montra le Covenant même.

Il y avait à bord le branle-bas de départ ; des vergues prenaient leur place en se balançant, et comme le vent venait de côté, je pouvais entendre les chants des matelots qui halaient sur les câbles.

Après tout ce que j’avais entendu en route, je regardais ce vaisseau avec une extrême horreur, et du fond du cœur je plaignais toutes les pauvres créatures qui étaient condamnées à y naviguer.

Nous avions tous les trois atteint l’autre versant de la colline.

Alors je m’avançai à travers la route et je m’adressai à mon oncle.

— Je crois bon de vous prévenir, monsieur, lui dis-je, que rien au monde ne me décidera à monter à bord de ce Covenant.

Il parut se réveiller d’un songe.

— Eh ! fit-il, qu’est-ce que c’est ?

Je lui répétai la phrase.

— Bon ! bon, répondit-il. Nous aurons à en passer