Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/130

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Il se mit à bouder, à me faire la moue, à me dire des gros mots, mais il fut content d’avoir de la bière.

Aussitôt nous nous installâmes à une table, dans la pièce de devant de l’auberge, et nous bûmes et mangeâmes de bon appétit.

Il me vint à l’idée que le maître de l’auberge étant un homme de ce comté, je ferais bien de m’assurer sa bienveillance.

Je l’invitai à s’attabler avec nous, comme c’était l’usage à cette époque, mais il était trop grand personnage pour s’asseoir avec de pauvres clients comme Rançon et moi.

Il quittait la chambre, quand je le rappelai, pour lui demander s’il connaissait M. Rankeillor.

— Oh ! pour cela, oui, répondit-il, c’est un très honnête homme.

Ah ! à propos, ajouta-t-il, est-ce vous qui êtes venu avec Ebenezer ?

Et quand je lui eus dit que c’était moi.

— Vous ne seriez pas bons amis ensemble ? demanda-t-il, ce qui signifiait d’après la manière des Écossais :

— Est-ce que vous seriez parent avec lui.

Je lui répondis :

— Non, pas du tout.

— Je croyais aussi que vous ne l’étiez pas, dit-il, et pourtant vous avez un air de famille avec M. Alexandre.

Je lui dis qu’il semblait qu’Ebenezer fût mal vu dans le pays.

— C’est très vrai, fit le maître de l’auberge, c’est un vieux coquin, et il y en a plus d’un qui voudraient le voir gigoter au bout d’une corde. Il y a Jennet Clouston, et pas mal d’autres qu’il a chassés de leur mai-