Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/179

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et même prenant un couteau sur la table, il coupa un des boutons d’argent de son habit.

— Je les tiens, me dit-il, de mon père, Duncan Stewart, et je vous en donne un comme souvenir de la besogne faite la nuit dernière. Partout où vous irez, quand vous montrerez ce bouton, les amis d’Alan Breck se réuniront autour de vous.

Il me dit cela du même ton que s’il avait été Charlemagne et commandait à une armée.

En vérité, malgré mon admiration pour son courage, j’étais toujours en danger de sourire de sa vanité ; en danger, je le répète, car si je n’avais pas gardé mon sérieux, j’aurais eu à redouter qu’une querelle ne s’ensuivît.

Dès que nous eûmes terminé notre repas, il fouilla dans le coffre du capitaine jusqu’à ce qu’il eût trouvé une brosse.

Alors, ôtant son habit, il se mit à examiner son costume et à en faire disparaître toutes les taches, avec un soin, une minutie que je croyais n’être propre qu’aux femmes.

Assurément, il n’en avait pas d’autre, et de plus, comme il disait, cet uniforme appartenait à un roi, et il convenait de le soigner royalement.

Néanmoins, quand je vis avec quel soin il ôtait les fils qu’avait laissés le bouton détaché, j’attachai une plus grande valeur au présent.

Il était ainsi occupé, quand nous fûmes hélés du pont par M. Riach, qui demandait à parlementer.

Je grimpai alors à la lucarne, et m’asseyant sur le bord, le pistolet à la main et l’air déterminé, quoique je craignisse au fond du cœur qu’il n’y eût encore de la casse, je le hélai à mon tour, et lui dis de s’expliquer.