Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me l’avait appris, je ne me serais jamais figuré qu’il se poserait devant moi en gentilhomme.

De son côté, Neil ne se souciait nullement de prolonger l’entretien.

Il ne voulait qu’exécuter ses ordres et n’avoir plus rien à démêler avec ma personne.

Il se hâta donc de me tracer ma route.

Je devais coucher la première nuit à l’auberge de Kinlochaline, le lendemain je traverserais Morven jusqu’à Ardgour, je coucherais la nuit chez un certain John à la claymore qui était averti de mon arrivée possible ; le troisième jour, je passerais un loch à Corran, et un autre à Balachulish.

Alors je demanderais mon chemin pour me rendre chez James des Vaux à Aucharn, dans le Duror d’Appin.

Il y avait là mainte traversée par eau à faire, comme vous voyez, car en cette région, la mer s’enfonce profondément entre les montagnes et contourne leur base.

Il en résulte que le pays est aisé à défendre, et d’un parcours difficile, mais qu’il est plein de paysages prodigieusement sauvages et terribles.

Je reçus de Neil quelques autres conseils : n’adresser la parole à personne sur ma route, éviter les Whigs, les Campbells et les « soldats rouges », quitter la route et me cacher dans un buisson, si je voyais ces derniers venir, car « leur rencontre ne portait jamais bonheur ».

En somme, je devais me conduire comme un voleur, ou un agent jacobite, ce que j’étais peut-être pour Neil.

L’auberge de Kinlochaline était bien l’endroit le plus misérable où l’on n’ait jamais logé des cochons.

Elle était pleine de fumée, de vermine et de silencieux Highlanders.