Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/263

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qui est sucré. Colin Roy est mort, vous devez en être reconnaissant.

— Las ! dit James, et par ma foi, je voudrais qu’il fût encore vivant ! C’est très beau que l’on commence par se gonfler, par se vanter, mais maintenant la chose est faite, et à qui va-t-on s’en prendre ? L’accident a eu lieu dans Appin, songez-y, Alan. C’est Appin qui doit payer, et je suis un père de famille.

Pendant ces conversations, je jetai autour de moi un regard sur les serviteurs.

Les uns étaient sur des échelles, fouillant dans les toits de chaume de la maison ou des dépendances, et en retirant des fusils, des épées, différentes armes de guerre, que d’autres emportaient.

Par le son que rendaient les pioches et qui venait d’un peu plus loin, au bas du tertre, je supposai qu’on les enterrait.

Bien qu’ils fussent tous aussi occupés, il n’y avait dans leur activité rien qui ressemblât à de l’ordre ; ils se mettaient à plusieurs pour prendre un seul fusil, et se heurtaient les uns aux autres avec leurs torches allumées.

James interrompait à chaque instant sa conversation avec Alan, pour crier des ordres qui paraissaient n’être jamais compris.

Les figures que l’on voyait à la lueur des torches étaient celles de gens en proie à la précipitation et à la panique, et bien que l’on ne se parlât qu’à voix basse, on devinait dans ces quelques mots l’inquiétude et la colère.

Ce fut à ce moment-là qu’une jeune domestique sortit de la maison en portant un paquet ou un sac de voyage plein, et je me suis souvent surpris à sourire en songeant avec quelle rapidité l’instinct d’Alan