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Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/28

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chefs-d’œuvre, mais à tout prendre, ajoute le même biographe, on sent que l’Allemagne n’avait guère de prise sur lui. Le français est la seule langue moderne qui ait jamais exercé une influence sur son style. Il avait d’ailleurs un tempérament bien plus français que germanique, le poète qui a ainsi exprimé sa compréhension de la vie.


Puisque j’ai juré de vivre ma vie et non point de me tenir le cœur en repos, que certains hommes s’assoient et boivent à l’écart, pour moi, je porte un drapeau dans la lutte.

Certains peuvent rêver tranquillement d’une épouse ; pour moi, tout le jour je fais des tierces, des quartes, car j’ai juré de vivre ma vie et non pas de me tenir le cœur en repos.

Je suis gaiement le fifre, je laisse la sagesse se pencher sur une charte et la prudence se quereller sur le Marché et je provoque la mauvaise fortune à jouer du couteau, puisque j’ai juré de vivre ma vie.


Vivre sa vie, c’était se consacrer aux lettres. De nouveaux amis, Mrs Sitwell, M. Sidney Colvin l’y poussaient, ce dernier avec l’autorité d’un lettré et d’un critique déjà réputé et jouissant, chez les éditeurs et dans les rédactions, d’un certain crédit. Une mésintelligence passagère mais violente — comme toutes — avec son frère qui, par caractère, prenait toutes choses au tragique, ne l’empêcha pas de mener à bonne fin la rédaction de sa page de début, Routes, qui fut accueillie quelques mois plus tard par le Portfolio. Il écrivit aussi un article enthousiaste sur Walt Whitman.