Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/286

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goût, et, grillés sur des charbons, il ne leur manquait qu’une pincée de sel pour être délicieux.

Tout le temps qui nous restait, Alan l’employait à m’apprendre le maniement de l’épée, car mon ignorance à cet égard le peinait grandement ; et en outre, comme il m’arrivait parfois de le vaincre à la pêche, il n’était pas fâché de recourir à un exercice où il avait la supériorité sur moi.

Il me faisait plus de mal qu’il ne fallait, car pendant toute la durée des leçons, il m’assaillait d’un tel torrent de reproches, et me poussait si vivement que j’ai pu croire qu’il voulait me traverser le corps.

Je fus plus d’une fois tenté de prendre la fuite, mais je tins bon malgré tout, et je tirai quelque profit de ces leçons, ne fût-ce qu’en apprenant à me tenir en garde avec un air assuré, ce qui suffit le plus souvent.

Aussi, bien que je n’aie jamais réussi à contenter mon maître, j’arrivai néanmoins à n’être pas trop mécontent de moi.

Pendant ce temps, vous pensez bien que nous ne perdions nullement de vue notre affaire principale, qui était de nous sauver.

— Il se passera bien de longues journées, me dit Alan dès le premier matin, avant que les habits rouges n’aient l’idée de fouiller Corrynakiegh, de sorte que nous devons faire prévenir James. Il faut qu’il nous trouve l’argent.

— Mais comment le faire avertir ? demandai-je. Nous sommes dans un désert, et nous n’osons pas en sortir ; à moins que nous ne chargions les oiseaux de porter ce message à travers les airs, je ne vois pas comment nous nous y prendrons.

— Ah ! dit Alan, vous êtes un garçon qui s’embarrasse pour bien peu.