Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment des abeilles sauvages étaient pour moi comme des potions soporifiques.

De temps à autre, je faisais un mouvement brusque et je m’apercevais que j’avais sommeillé.

La dernière fois que cela m’arriva, il me sembla que je revenais de plus loin, et je crus que le soleil avait fait un grand pas dans le ciel.

Je regardai la branche, et à cette vue je faillis pousser un cri, car je compris que j’avais manqué à une mission de confiance.

Je perdis la tête, tant j’étais effrayé et honteux, et quand je regardai, autour de moi dans la lande, ce que je vis était bien fait pour m’ôter tout courage.

Car ce n’était ni plus ni moins qu’une troupe de cavalerie, qui était descendue dans la plaine pendant notre sommeil, et qui partant du Sud-Est avançait vers nous en se déployant en éventail, tout en lançant les chevaux dans les endroits où la bruyère était la plus épaisse.

Lorsque j’eus réveillé Alan, il jeta un premier regard vers les soldats, le second fut pour la branche et la position du soleil.

Il fronça les sourcils et eut un coup d’œil brusque, soudain, qui exprimait à la fois la colère concentrée et l’inquiétude. Mais à cela se bornèrent ses reproches.

— Qu’allons-nous faire maintenant, demandai-je.

— Il nous faudra jouer aux lièvres. Voyez-vous cette montagne par là, dit-il en indiquant le ciel vers le Nord-Est.

— Oui, fis-je.

— Bon, alors, dit-il, dirigeons-nous de ce côté. Elle se nomme le Ben-Alder ; c’est une montagne sauvage et déserte, pleine de bosses et de creux, et si nous y arrivons avant le matin, nous pourrons encore nous en tirer.