Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/305

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mais ce qu’ils se dirent ne comptait pas pour moi.

Alors les poignards furent relevés.

On nous enleva nos armes et on nous mit face à face, assis sur la bruyère.

— Ce sont les gens de Cluny, dit Alan ; nous ne pouvions pas tomber mieux. Nous allons rester ici avec ces hommes qui sont ses gardes avancées jusqu’à ce qu’ils puissent avertir le chef de mon arrivée.

Cluny Macpherson, le chef du clan Vourich, avait été un des principaux officiers dans la grande révolte d’il y a six ans.

Sa tête était mise à prix, et je le croyais depuis longtemps en France avec les autres chefs de cette entreprise désespérée. Mais si fatigué que je fusse, je fus si surpris de ce que j’apprenais, que je me réveillai à moitié.

— Comment ? m’écriai-je, Cluny est encore ici ?

— Oui, il y est, dit Alan, il est toujours dans son propre territoire, toujours soutenu par son domaine ; le roi George ne serait pas traité autrement.

Je crois que j’en aurais demandé plus long, mais Alan m’imposa silence.

— Je suis un peu fatigué, me dit-il, et je ne serais pas fâché de dormir un peu.

Et sans plus, il s’étendit la face contre terre, dans un épais tapis de bruyère, où il parut s’endormir aussitôt.

Il m’était impossible de l’imiter.

Avez-vous entendu les sauterelles grinçant dans le gazon en été ?

Bon, j’avais à peine fermé les yeux, que tout mon corps et surtout la tête, le ventre, les poignets me donnèrent la même sensation que s’ils étaient bourrés de sauterelles grinçantes.

Je dus rouvrir aussitôt les yeux, me rouler, retomber,