Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/314

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Et si quelqu’un n’est pas tout à fait content, lui, ou vous, ou tous autres, je serai fier de sortir avec lui.

— Monsieur, lui dis-je, je suis très fatigué, comme le dit Alan, et ce qu’il y a de plus essentiel, puisque vous êtes, selon toute probabilité, un père de famille, je vous dirai que c’est une promesse que j’ai faite à mon père.

— Pas un mot de plus, monsieur, pas un mot de plus, dit Cluny, en me montrant un lit de bruyère dans un coin de la Cage.

Malgré tout, il était assez mécontent, il me regardait de travers, et grognait en même temps.

Et vraiment, il faut avouer que mes scrupules et le langage dont je m’étais servi pour les exprimer, sentaient fortement le Covenantaire et étaient quelque peu déplacés parmi de rudes Highlanders jacobites.

J’ajouterai que l’eau-de-vie, la venaison m’avaient produit une étrange sensation de lourdeur.

À peine étais-je étendu sur le lit que je tombai dans une sorte d’hallucination, qui me dura pendant tout notre séjour dans la Cage.

Parfois j’étais tout à fait réveillé et je comprenais tout ce qui se passait ; parfois j’entendais des voix ou des ronflements analogues au chant d’une rivière agitée.

Les plaids déployés contre les murs se rapetissaient, comme les ombres jetées sur le toit par la flamme du foyer.

J’ai dû parfois crier ou parler, car je me souviens d’avoir été stupéfait d’entendre qu’on me répondait.

Cependant je n’étais point le jouet d’un cauchemar défini. Je ressentais seulement une épouvante générale, sombre, insurmontable, une horreur de l’endroit où je me trouvais, du lit où j’étais couché, des plaids sus-