Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/352

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commodes avec leurs verdures, leurs champs cultivés et les gens activement occupés dans la campagne et sur la mer.

Néanmoins, c’était sur la rive du Sud que se trouvait la maison de M. Rankeillor, où m’attendait sans aucun doute la fortune, et j’étais toujours sur la côte nord, pauvrement vêtu d’un costume étranger au pays, avec les trois schellings d’argent qui me restaient pour tout avoir, ma tête mise à prix, et sans autre compagnon qu’un homme hors la loi.

— Ô Alan ! dis-je, songez-y donc, là-bas, de l’autre côté, il y a tout ce que le cœur peut désirer. Les oiseaux passent, les bateaux passent, tous ceux qui peuvent passer, passent à leur gré. Il n’y a que moi… Mon ami, c’est à vous briser le cœur.

À Limekilns, nous entrâmes dans une petite auberge que nous n’eussions pas prise pour telle, sans la baguette plantée dans le mur au-dessus de la porte, et nous achetâmes un peu de pain et de fromage à une fille d’honnête apparence, qui était la servante.

Nous emportâmes ces provisions dans un paquet.

Nous comptions nous asseoir, pour manger, dans un bouquet du bois auprès de la mer, que nous apercevions à un tiers de mille en avant de nous.

Tout en marchant, je ne cessais de regarder l’autre rive, de soupirer, et sans que j’y fisse attention, Alan avait pris un air songeur.

À la fin, il s’arrêta au milieu du chemin.

— Avez-vous remarqué la jeune fille à qui nous avons acheté cela ? me dit-il en frappant sur le paquet qui contenait le pain et le fromage.

— Certainement, répondis-je, c’était une brave fille.

— Vous le pensiez ? s’écria-t-il. Eh bien, David, mon garçon, c’est là une bonne nouvelle.