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Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/357

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un plat de puddings blancs et une bouteille d’ale forte.

— Pauvre agneau, fit-elle.

Et dès qu’elle eut mis le plat devant nous, elle me toucha l’épaule très doucement, comme pour m’engager à reprendre courage.

Elle nous invita à manger, ajoutant que nous n’aurions rien de plus à payer, car l’auberge était à elle, ou du moins à son père, que celui-ci était allé passer toute la journée à Pittencrieff.

Nous ne nous fîmes pas répéter cette invitation, car le pain et le fromage n’étaient guère propres à nous restaurer, tandis que les gâteaux avaient une odeur appétissante.

Pendant que nous étions assis et que nous mangions, elle s’assit à la place correspondante d’une autre table, en nous regardant, réfléchissant, fronçant les sourcils, et tirant dans sa main le cordon de son tablier.

— Je trouve que vous avez la langue un peu longue, dit-elle enfin à Alan.

— Oui, mais, voyez-vous, je sais à qui je parle, répondit-il.

— Je ne vous trahirai jamais, reprit-elle, si c’est là ce que vous voulez dire.

— Non, vous n’êtes pas de cette sorte de gens, répondit-il, mais je vais vous dire ce que vous pourriez faire si vous vouliez nous aider.

— Je ne pourrais pas, dit-elle en secouant la tête, non, je ne le pourrais pas.

— Non ! dit-il, mais si vous pouviez…

Elle ne répondit pas.

— Voyons, mademoiselle, dit Alan, il y a des bateaux dans le royaume de Fife, car j’en ai vu deux, pas moins, sur la grève, quand je suis arrivé au bout de votre ville. Maintenant si nous pouvions nous servir