Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/368

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Pendant tout cela, j’avais fait du progrès dans la bienveillance de M. Rankeillor, et j’avais gagné en hardiesse à mesure que sa bienveillance devenait plus marquée.

Mais à cette saillie, que je fis avec une sorte de sourire, il éclata franchement de rire.

— Non, non, la chose n’est pas aussi mauvaise que cela, dit-il, Fui, non sum[1]. J’ai été effectivement l’homme d’affaire de votre oncle, mais pendant que vous, imberbis juvenis custode remoto[2], vous vagabondiez dans l’Ouest, il a coulé pas mal d’eau sous les ponts, et si les oreilles ne vous ont pas tinté, ce n’est pas faute d’avoir parlé de vous ? Le jour même de votre désastre en mer, M. Campbell s’est présenté dans mon étude. Il vous demandait à tous les vents. Je n’avais jamais entendu parler de votre existence, mais j’avais connu votre père, et d’après les informations qui dépendent de ma compétence, j’étais porté à tout craindre, même le pire.

M. Ebenezer reconnaissait vous avoir vu, déclarait, chose improbable, qu’il vous avait remis de grosses sommes, et que vous étiez parti pour le continent européen, afin de compléter votre éducation, ce qui était probable et digne d’éloge.

Quand on lui demanda pourquoi vous n’aviez pas écrit un mot à M. Campbell, il déposa que vous aviez exprimé vivement le désir d’en finir avec votre vie antérieure.

Interrogé où vous étiez alors, il répondit qu’il l’ignorait, mais qu’il vous croyait à Leyde.

Voilà le résumé exact de ses réponses.

  1. Je le fus, je ne le suis plus.
  2. Jeune homme imberbe qui n’a plus son gardien.