Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/387

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Ces amis-là sont un brin sauvages, et ils ne sont pas aussi forts sur le chapitre de la légalité que certaine personne que je pourrais nommer.

Ils ont découvert que le jeune garçon appartenait à une bonne famille, qu’il était votre propre neveu, monsieur Balfour, et ils m’ont prié de vous faire une petite visite, pour m’entendre avec vous à ce sujet.

Et je puis vous le dire tout d’abord, si nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur certaines conditions, il est extrêmement probable que vous ne le verrez plus. Car mes amis, ajouta Alan d’un air naïf, mes amis ne sont pas très à leur aise.

Mon oncle toussa pour s’éclaircir la voix.

— Je ne m’en soucie pas beaucoup, dit-il. Après tout, il s’en fallait que ce fût un brave garçon, et je n’ai aucune raison pour intervenir.

— Oui, oui, fit Alan, je vois bien où vous voulez en venir, vous prétendez que vous ne vous souciez guère de lui, pour diminuer le chiffre de la rançon.

— Non, dit mon oncle, c’est la pure vérité. Je ne m’intéresse nullement à lui ; je ne paierai pas un penny pour sa rançon et vous pouvez en faire une église et un moulin. Pour ce que je m’en soucie…

— Ho ! monsieur, dit Alan, le sang est plus épais que l’eau, de par le diable ! N’auriez-vous pas honte d’abandonner le propre fils de votre frère !

C’est impossible, et si vous le faisiez et que cela vînt à se savoir, vous ne seriez pas très bien vu dans votre pays, ou je me tromperais beaucoup.

— Je ne suis pas déjà si bien vu, après tout, répliqua Ebenezer, et je ne sais pas comment la chose serait connue. Ce ne serait pas grâce à moi, oh ! non, ni grâce à vous et à vos amis. Donc, mon garçon, tout cela, ce sont des propos en l’air.