Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/395

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de M. Thomson, c’est une tout autre affaire. Je connais mal les faits, mais de ce peu que je sais, je conclus qu’un grand personnage, que j’appellerai, si vous le voulez, le duc d’A.[1], y est quelque peu intéressé et l’on suppose même, disposé à montrer quelque animosité dans cette affaire.

Le duc d’A. est sans nul doute un excellent gentilhomme, mais M. David, timeo qui nocuere deos[2].

Si vous vous mettez en avant pour tromper sa vengeance, rappelez-vous qu’il y a un moyen d’exclure votre témoignage, et ce moyen consiste à vous mettre aux fers.

Alors vous vous trouveriez dans le même local que le parent de M. Thomson.

Vous ferez valoir votre innocence, mais lui aussi est innocent.

Et passer en jugement pour une accusation capitale, devant un jury des Hautes-Terres, au sujet d’une mauvaise affaire de Highlanders, avec un juge des Hautes-Terres comme président, cela vous mènerait à la potence par le plus court chemin.

Or, j’avais fait déjà tous ces raisonnements, et je n’avais pas trouvé de bonnes réponses à y faire.

Je feignis donc toute la naïveté possible, et je dis :

— En ce cas, monsieur, je devrais m’attendre à être pendu ? Pendu, n’est-ce pas ?

— Mon cher enfant, s’écria-t-il, au nom du ciel, faites ce que vous croirez juste.

C’est bien malheureux qu’à cette période de ma vie, je vous conseille d’opter pour le parti sûr et honteux, et je reprends mes paroles en m’excusant.

  1. Le duc d’Argyle.
  2. Je redoute les Dieux qui ont prouvé leur malveillance.