Page:Stevenson - Enlevé (trad. Varlet), 1932.djvu/3

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DÉDICACE

Mon cher Charles Baxter,

Si jamais vous lisez cette histoire, vous vous poserez probablement plus de questions que je ne me soucierais de fournir de réponses : comme, par exemple, comment il se trouve que le meurtre Appin ait eu lieu dans l’année 1751, comment les rochers de Torr ont glissé si près d’Earraid, ou pourquoi le compte rendu imprimé du procès est muet sur tout ce qui touche à David Balfour. Ce sont des noix qu’il n’est pas dans mes possibilités de casser. Mais si vous me mettez en cause sur le point de savoir si Alan est coupable ou innocent, je crois pouvoir défendre mon texte. À ce jour vous trouverez la tradition d’Appin nettement en faveur d’Alan. Si vous vous informez, vous pourrez même entendre dire que les descendants de l’« autre homme » qui a tiré le coup de feu sont encore aujourd’hui dans le pays. Mais le nom de cet autre homme, demandez autant que vous voudrez, vous ne l’apprendrez pas ; car le Highlander donne une valeur à un secret pour lui-même et pour l’exercice consistant, comme il convient, à le garder. Je pourrais continuer longtemps pour justifier un point et en reconnaître un autre indéfendable ; il est plus honnête de confesser immédiatement à quel point je suis peu accessible au désir d’exactitude. Ce n’est pas un ouvrage pour la bibliothèque de l’écolier, mais pour la salle de classe le soir en hiver, quand les devoirs sont terminés et qu’approche l’heure d’aller se coucher ; et l’honnête Alan, qui, de son temps, était un sinistre saltimbanque avaleur de feu, n’a pas dans ce nouvel avatar d’intention plus désespérée que de distraire un jeune gentleman de son « Ovide » et de l’emmener avec lui pour un instant dans les Highlands et le siècle dernier, et de le mettre ensuite au lit avec quelques images attrayantes à mêler à ses rêves.