Page:Stevenson - Enlevé (trad. Varlet), 1932.djvu/46

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– Ma foi, voici notre meilleure chance de mettre la main sur les armes à feu ! s’écria Riach. Puis, s’adressant à moi : – Écoutez bien, David, savez-vous où sont les pistolets ?

– Oui, oui, dit Hoseason ; David le sait ; David est un brave garçon. Voyez-vous, David mon ami, ce Highlander là-bas est un danger pour le brick outre qu’il est ennemi juré du roi George, que Dieu bénisse !

Je n’avais pas encore reçu autant de David depuis mon arrivée à bord ; mais je répondis : Oui, comme si ce qu’on me disait était tout naturel.

– L’ennui, reprit le capitaine, c’est que toutes nos armes à feu, grandes ou petites, se trouvent sous le nez de cet homme, dans la dunette ; la poudre également. Or, si moi, ou l’un des officiers, s’en allait pour les chercher, cela lui donnerait l’éveil. Tandis qu’un garçon comme vous, David, peut facilement escamoter une poire à poudre et un pistolet ou deux. Et si vous vous en tirez comme il faut, je ne l’oublierai pas, au moment où il sera bon pour vous d’avoir des amis, c’est-à-dire quand nous arriverons à la Caroline.

M. Riach lui glissa quelques mots à l’oreille.

– Très bien, monsieur, dit le capitaine ; puis à moi : – Et songez, David, que cet homme a une ceinture pleine d’or, et vous y mettrez les doigts, je vous en donne ma parole.

Je lui répondis que je ferais comme il le désirait, bien que j’eusse à peine la force de parler ; et alors il me donna la clef de l’armoire aux liqueurs, et je m’en retournai lentement vers la dunette. Qu’allais-je faire ? Ces gens étaient des misérables et des voleurs : ils m’avaient ravi à mon pays ; ils avaient tué le pauvre Ransome ; devais-je encore leur tenir la chandelle pour un autre assassinat ? Mais, d’autre part, j’avais devant les yeux la crainte de la mort ; car que pouvaient un enfant et un seul homme, fussent-ils braves comme des lions, contre tout l’équipage d’un navire ?

J’étais encore à retourner la chose dans mon esprit, sans me fixer à rien, lorsque j’entrai dans la dunette, et vis le jacobite qui mangeait sous la lampe. À cette vue, ma résolution fut aussitôt prise. Je n’en tire nul orgueil, car ce ne fut point de mon propre mouvement, mais par une sorte d’impulsion, que je marchai droit à la table, et posai la main sur l’épaule de l’homme.

– Tenez-vous à être tué ? lui demandai-je.

Il se leva d’un bond, et ses yeux me questionnèrent mieux que s’il avait parlé.

– Oh ! m’écriai-je, ce sont tous assassins ici ; le navire en est plein ! Ils ont déjà tué un mousse. C’est votre tour, à présent.

– Ouais, dit-il ; mais ils ne m’ont pas encore ; Puis, me regardant avec curiosité : – Vous me seconderiez ?

– C’est bien mon intention. Je ne suis pas un voleur, encore moins un assassin. Je vous seconderai.

– Très bien donc ; quel est votre nom ?

– David Balfour ; et puis, songeant qu’un homme aussi bien vêtu