il ne l’eut pas plutôt exécuté que je me mis à escalader la colline, en m’écriant : « À l’assassin ! à l’assassin ! »
Si peu de temps s’était écoulé que, parvenu au haut de la première pente, d’où l’on découvrait une partie des montagnes, j’aperçus, à une faible distance, l’assassin en fuite. C’était un gros homme, vêtu d’un habit noir à bouton de métal et portant une longue carabine.
– Par ici ! m’écriai-je, je le vois !
Là-dessus, le meurtrier jeta un bref regard par-dessus son épaule et se mit à courir. Un instant après, il fut caché par une étroite lisière de hêtres ; puis il réapparut plus haut, grimpant comme un singe, car la pente redevenait très raide ; puis il s’enfonça derrière un contrefort, et je ne le vis plus.
Tout ce temps, je n’avais cessé, moi aussi, de courir, et je me trouvais à une assez grande élévation, lorsqu’une voix me cria d’arrêter.
J’étais à l’orée du bois supérieur, de sorte qu’en faisant halte pour regarder en arrière, j’aperçus toute la partie découverte de la colline au-dessous de moi.
Le notaire et l’huissier du sheriff se tenaient un peu plus haut que la route, criant et gesticulant pour me faire revenir ; et à leur gauche, les habits-rouges, mousquet au poing, débouchant isolément du bois inférieur, commençaient l’escalade.
– Pourquoi voulez-vous que je revienne ? m’écriai-je. Avancez !
– Dix livres à qui attrapera ce garçon ! cria le notaire. C’est un complice. Il était aposté ici pour nous arrêter à causer.
À ces mots (que j’entendis très distinctement, bien qu’ils fussent adressés aux soldats, et non à moi), je fus saisi d’un nouveau genre de terreur. En effet, c’est une chose de courir le péril de sa vie, et c’en est tout à fait une autre de courir à la fois le péril de sa vie et celui de son honneur. La menace, en outre, était venue si soudainement, comme le tonnerre dans un ciel clair, que j’en restais tout ébaubi et déconcerté.
Les soldats commencèrent à s’égailler ; les uns couraient ; d’autres épaulèrent leurs armes et me couchèrent en joue ; et cependant, je restais immobile.
– Cachez-vous ici derrière les arbres, dit une voix toute proche. Sans bien savoir ce que je faisais, j’obéis ; et à cet instant, les détonations retentirent et les balles sifflèrent entre les hêtres.
À l’abri de leurs fûts, je trouvai Alan Breck debout, une canne à pêche à la main. Il ne me donna pas de bonjour, car ce n’était pas l’heure des civilités ; il dit seulement : « Venez ! » et se mit à courir le long du flanc de montagne, vers Balachulish ; et moi, comme un mouton, je le suivis.
Tantôt nous courions entre les hêtres ; tantôt nous nous arrêtions derrière de légers bossellements du flanc de montagne ; ou bien nous allions à quatre pattes dans la bruyère. C’était une course mortelle : mon cœur semblait prêt à éclater entre mes côtes ; et je n’avais ni le temps de réfléchir ni le souffle pour parler. Je me souviens seulement