Page:Stevenson - Herminston, le juge pendeur.djvu/207

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Son cœur battait, avec le temps, le rythme immense et mystérieux de l’univers. Quand il arriva au tournant de la vallée et quand il put apercevoir l’église, il avait tellement flâné sur le chemin que le premier psaume finissait. Le ton nasillard de la psalmodie, ses reprises nombreuses, ses cadences, ses roulades austères, semblaient l’essence même de la voix de l’église s’élevant pleine de reconnaissance. « C’est la vie partout », se dit-il, et il répéta à haute voix : « Grâce à Dieu, c’est la vie partout. » Il s’attarda encore un instant sur le cimetière. Une touffe de primevères était toute fleurie au pied d’une vieille pierre tombale noircie par le temps, et il s’arrêta pour contempler cet apologue du hasard. Il s’offrait sur la terre encore froide avec toute l’acuité d’un contraste ; et il fut frappé de l’imperfection de toute chose ; il la sentait dans le jour, dans la saison, dans la beauté qui l’entou-