Page:Stevenson - Herminston, le juge pendeur.djvu/314

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la profonde bonté de sa nature sentimentale, elle avait reconnu l’approche du Destin. Ce n’était pas ce qu’elle avait rêvé. Son imagination avait entrevu Archie fiancé à quelque forte héroïne, grande, au teint couleur de rose, et aux boucles d’or, faite à son image enfin, dont elle aurait orné le lit nuptial avec délice ; et maintenant elle avait envie de pleurer en voyant ses ambitions trompées. Mais les dieux avaient prononcé, et son Destin était autre.

Cette nuit-là, elle était agitée dans son lit, assiégée de pensées fiévreuses. Il y avait en l’air des visions dangereuses ; une bataille était proche, sur l’issue de laquelle elle se laissait flotter entre la jalousie, la crainte, la sympathie, alternativement loyale ou déloyale envers l’un et l’autre parti. Tantôt elle se mettait à la place de sa nièce, tantôt à celle d’Archie. Tantôt elle voyait, par les yeux de la jeune fille, le jeune homme à