Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. André Laurie.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je tournai les talons et je repris le chemin de la grève, non sans regarder avec soin derrière moi.

Il fallut bientôt m’avouer que le cas était sans ressource. L’être mystérieux, après avoir fait un grand détour, reparaissait devant moi et venait à ma rencontre !…

J’étais épuisé de fatigue, mais eussé-je été aussi frais et dispos qu’en sautant le matin à bas de mon hamac, je n’aurais pu lutter de vitesse avec un tel adversaire. Il courait d’arbre en arbre comme un daim, quoiqu’il n’eût que deux jambes comme un homme… Et c’était bien un homme, je ne pouvais en douter plus longtemps.

Des histoires de cannibales me revinrent en mémoire. J’allais appeler au secours, quand l’idée que j’avais affaire à un homme, même sauvage, me rassura dans une certaine mesure. Je me dis qu’il ne pouvait pas être aussi féroce que Silver. Je m’arrêtai donc pour réfléchir à quelque moyen de salut, et tout à coup je songeai que j’avais un pistolet. Aussitôt le courage me revint. Je fis volte-face et marchai droit à l’inconnu.

Il s’était caché derrière un tronc d’arbre ; mais sans doute il m’observait, car, voyant mon mouvement, il se montra et fit un pas