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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/106

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L’ÎLE AU TRÉSOR

capitaine. Je n’ai jamais ouï parler d’un équipage qui, ayant l’intention de se mutiner, n’en manifeste au préalable quelques signes, permettant à quiconque a des yeux, de prévoir le coup et de prendre ses mesures en conséquence.

— Capitaine, dit le docteur, c’est le fait de Silver. Un homme des plus remarquables.

— Il ferait remarquablement bien au bout d’une grand-vergue, monsieur, riposta le capitaine. Mais nous bavardons : cela ne mène à rien. Je vois trois ou quatre points, et avec la permission de M. Trelawney, je vais les énumérer.

— Vous êtes le capitaine, monsieur, dit avec noblesse M. Trelawney. C’est à vous de parler.

— Premier point, commença M. Smollett : il nous faut aller de l’avant, parce que nous ne pouvons reculer. Si je donne l’ordre de virer de bord, ils se révolteront aussitôt. Second point : nous avons du temps devant nous… au moins jusqu’à la découverte de ce trésor. Troisième point : il y a des matelots fidèles. Or, monsieur, comme il faudra en venir aux mains tôt ou tard, je propose de saisir l’occasion aux cheveux, comme on dit, et d’attaquer les premiers, le jour où ils s’y attendront le moins. Nous pouvons compter, je suppose, sur vos domestiques personnels, monsieur Trelawney ?

— Comme sur moi-même.

— Cela fait trois. Avec nous, sept, en comptant Hawkins. Et quant aux matelots honnêtes ?…

— Apparemment les seuls hommes de Trelawney, dit le docteur ; ceux qu’il a choisis lui-même, avant de s’en remettre à Silver.

— Non pas, répliqua le chevalier ; Hands était un des miens.

— Je me serais pourtant fié à lui ! ajouta le capitaine.