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L’ÎLE AU TRÉSOR

yoles filer rapidement, un homme à la barre dans chacune. L’un d’eux sifflait Lillibullero.

L’attente nous excédait. Il fut résolu que Hunter et moi irions à terre avec le petit canot, en quête de nouvelles.

Les yoles avaient appuyé sur la droite ; mais Hunter et moi poussâmes juste dans la direction où la palanque figurait sur la carte. Les deux hommes restés à garder les embarcations s’émurent de notre venue. Lillibullero s’arrêta, et je vis le couple discuter ce qu’il convenait de faire. Fussent-ils allés avertir Silver, tout aurait pu tourner autrement ; mais ils avaient leurs instructions, je suppose : ils conclurent de rester tranquillement où ils étaient, et Lillibullero reprit de plus belle.

La côte offrait une légère saillie, et je gouvernai pour la placer entre eux et nous : même avant d’atterrir, nous fûmes ainsi hors de vue des yoles. Je sautai à terre, et, muni d’un grand foulard de soie sous mon chapeau pour me tenir frais et d’une couple de pistolets tout amorcés pour me défendre, je me mis en marche, aussi vite que la prudence le permettait.

Avant d’avoir parcouru cinquante toises, j’arrivai à la palanque.

Voici en quoi elle consistait. Une source d’eau limpide jaillissait presque au sommet d’un monticule. Sur le monticule, et enfermant la source, on avait édifié une forte maison de rondins, capable de tenir à la rigueur une quarantaine de gens, et percée sur chaque face de meurtrières pour la mousqueterie. Tout autour, on avait dénudé un large espace, et le retranchement était complété par une palissade de six pieds de haut, sans porte ni ouverture, trop forte pour qu’on pût la renverser sans beaucoup de temps et de peines, et trop ex-