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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/156

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L’ÎLE AU TRÉSOR

Tu es un bon gars, si je ne m’abuse, mais tu n’es qu’un gamin pour finir. Or, Ben Gunn est renseigné. Même pour du rhum, on ne me ferait pas aller là où tu vas. Non, pas pour du rhum… jusqu’à ce que j’aie vu ton gentilhomme de naissance et reçu sa parole d’honneur. Et n’oublie pas mes paroles : « Un riche coup (voilà ce que tu diras), un riche coup plus de confiance… » et puis tu le pinces.

Et il me pinça pour la troisième fois avec le même air entendu.

— Et quand on aura besoin de Ben Gunn, tu sauras où le trouver, Jim. Là même où tu l’as trouvé aujourd’hui. Et que celui qui viendra porte quelque chose de blanc à la main, et qu’il vienne seul… ah ! et puis tu diras ceci : « Ben Gunn, que tu diras, a ses raisons à lui. »

— Bien, répliquai-je, il me semble que je comprends. Vous avez une proposition à faire, et vous désirez voir le chevalier ou le docteur ; et on vous trouvera où je vous ai trouvé. Est-ce tout ?

— Et à quel moment, dis ? ajouta-t-il. Eh bien, mettons entre midi et trois heures environ.

— Bon. Et maintenant puis-je m’en aller ?

— Tu n’oublieras pas ? demanda-t-il inquiètement. « Un riche coup » et « des raisons à lui », que tu diras. Des raisons à lui, voilà le principal ! Je te le dis en confidence. Eh bien donc (et il me tenait toujours), je pense que tu peux aller, Jim. Et puis, Jim, si par hasard tu vois Silver, tu n’iras pas vendre Ben Gunn ? On ne te tirera pas les vers du nez ? À aucun prix, dis ? Et si ces pirates campent à terre, Jim, que diras-tu s’il y a des veuves au matin ?

Il fut interrompu par une détonation violente, et un boulet de canon arriva, fracassant les branches, et alla s’enfoncer dans le sable, à moins de cinquante toises de l’endroit où nous étions arrêtés