Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
L’ÎLE AU TRÉSOR

haies, prompts et silencieux, sans rien voir ni entendre qui augmentât nos inquiétudes. Enfin, à notre grand soulagement, la porte de l’Amiral Benbow se referma sur nous.

Je poussai bien vite le verrou, et nous restâmes une minute dans le noir, tout pantelants, seuls sous ce toit avec le cadavre du capitaine. Puis ma mère prit une chandelle dans l’estaminet, et, nous tenant par la main, nous pénétrâmes dans la salle. Le corps gisait toujours dans la même position, les yeux béants et un bras étendu.

— Baisse le store, Jim, chuchota ma mère ; s’ils arrivaient ils nous verraient du dehors… Là… Et maintenant, il nous faut trouver la clef sur ce cadavre : je voudrais bien savoir qui de nous va y toucher !

Et elle eut une sorte de sanglot.

Je m’agenouillai à côté du mort. Près de sa main, sur le parquet, je vis un petit rond de papier noirci sur une face. C’était évidemment la tache noire. Je pris le papier et le retournai. Au verso, correctement tracé d’une main ferme, je lus ce court message : « Tu as jusqu’à dix heures du soir. »

— Mère, dis-je, il avait jusqu’à dix heures.

À cet instant précis, notre vieille horloge se mit à sonner. Ce fracas inattendu nous fît une peur affreuse ; mais tout allait bien : il n’était que six heures.

— Allons, Jim, reprit ma mère, cette clef.

J’explorai les poches, l’une après l’autre. Quelque menue monnaie, un dé, du fil et de grosses aiguilles, un rôle de tabac mordu par le bout, le couteau à manche courbe, une boussole portative et un briquet, formaient tout leur contenu. Je commençai à désespérer.

— Elle est peut-être à son cou, hasarda ma mère.