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L’ÎLE AU TRÉSOR

mon sens une œuvre pie, monsieur, comme c’en est une d’écraser un cafard. Notre petit Hawkins est un brave, à ce que je vois. Hawkins, voulez-vous sonner ? M. Dance boira bien un verre de bière.

— Ainsi donc, Jim, interrogea le docteur, vous avez l’objet qu’ils cherchaient, n’est-ce pas ?

— Le voici, monsieur.

Et je lui remis le paquet de toile cirée.

Le docteur l’examina en tous sens. Visiblement les doigts lui démangeaient de l’ouvrir ; mais il s’en abstint, et le glissa tranquillement dans la poche de son habit.

— Chevalier, dit-il, quand Dance aura bu sa bière il va, comme de juste, reprendre le service de Sa Majesté ; mais j’ai l’intention de garder Jim Hawkins : il passera la nuit chez moi. En attendant, il faut qu’il soupe, et avec votre permission, je propose de lui faire monter un peu de pâté froid.

— Bien volontiers, Livesey, répliqua le chevalier ; mais Hawkins a mérité mieux que du pâté froid.

En conséquence, un copieux ragoût de pigeon me fut servi sur une petite table, et je mangeai avec appétit, car j’avais une faim de loup. M. Dance, comblé de nouvelles félicitations, se retira enfin.

— Et maintenant, chevalier… dit le docteur.

— Et maintenant, Livesey… dit le chevalier, juste en même temps.

— Chacun son tour ! pas tous à la fois ! plaisanta le docteur Livesey. Vous avez entendu parler de ce Flint, je suppose ?

— Si j’ai entendu parler de lui ! s’exclama le chevalier. Vous osez le demander ! C’était le plus atroce forban qui eût jamais navigué. Comparé à Flint, Barbe-Bleue n’était qu’un enfant. Les Espagnols avaient de lui une peur si excessive que,