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LE MAÏTRE-COQ

un homme très capable, un nommé Arrow. J’ai un maître d’équipage qui sait jouer du sifflet ; ainsi, Livesey, tout ira comme sur un vaisseau de guerre à bord de notre excellente Hispaniola.

« Encore un détail. Silver est un personnage d’importance ; je sais de source certaine qu’il a un compte en banque et qu’il n’a jamais dépassé son crédit ; il laisse son cabaret aux soins de sa femme, et celle-ci étant une négresse, deux vieux célibataires comme vous et moi sont autorisés à croire que c’est à cause de sa femme et non seulement pour sa santé qu’il désire à nouveau courir le monde.

« J. T.

« P.-P.-S. — Hawkins peut passer vingt-quatre heures chez sa mère.

« J. T. »

On peut imaginer l’enthousiasme où me jeta cette lettre. Je ne me connaissais plus de joie ; je voyais avec un mépris souverain le vieux Tom Redruth, qui ne savait que geindre et récriminer. Tous les gardes-chasse en second, sans exception, auraient volontiers pris sa place ; mais tel n’était pas le bon plaisir du chevalier, lequel bon plaisir faisait la loi parmi eux. Même, nul autre que le vieux Redruth ne se fût hasardé à murmurer.

Le lendemain matin, nous fîmes la route à pied, lui et moi, jusqu’à l’Amiral Benbow, où je trouvai ma mère bien portante et gaie. Le capitaine, qui nous avait tant et si longtemps persécutés, s’en était allé là où les méchants ne peuvent plus nuire. Le chevalier avait tout fait réparer dans l’auberge, et repeindre l’enseigne et le débit, où il avait ajouté quelques meubles… entre autres un bon fauteuil pour ma mère à son comptoir. Il lui avait aussi