Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
L’ÎLE AU TRÉSOR

en était proche, et un instant lui suffit à gagner la rue. Mais sa hâte avait attiré mon attention, et je le reconnus d’un coup d’œil. C’était l’homme au visage de cire et privé de deux doigts qui était venu le premier à l’Amiral Benbow.

— Ah ! m’écriai-je, arrêtez-le ! C’est Chien-Noir !

— Je ne donnerais pas deux liards pour savoir qui c’est, proclama Silver ; mais il part sans payer. Harry, cours après et ramène-le.

Harry, qui était tout voisin de la porte, bondit à la poursuite du fugitif.

— Quand ce serait l’amiral Hawke en personne, il paiera son écot ! reprit Silver.

Puis, lâchant ma main :

— Qui disais-tu que c’était ? Noir quoi ?

– Chien-Noir, monsieur, répondis-je. M. Trelawney a dû vous parler des flibustiers ? C’en est un.

— Hein ? Dans ma maison ! Ben, cours prêter main-forte à Harry. Lui, un de ces sagouins ?… Morgan, c’est vous qui buviez avec lui ? Venez ici.

Le nommé Morgan — un vieux matelot à cheveux gris et au teint d’acajou — s’avança tout piteux, en roulant sa chique.

— Dites, Morgan, interrogea très sévèrement Long John, vous n’avez jamais rencontré ce Chien-Noir auparavant, hein ?

— Non, monsieur, répondit Morgan, avec un salut.

— Vous ne saviez pas son nom, dites ?

— Non, monsieur.

— Par tous les diables, Tom Morgan, cela vaut mieux pour vous ! s’exclama le patron. Si vous aviez été en rapport avec des gens comme ça, vous n’auriez plus jamais remis le pied chez moi, je vous le garantis. Et qu’est-ce qu’il vous racontait ?

— Je ne sais pas au juste, monsieur.