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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/87

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LE MAÏTRE-COQ

Et tout l’équipage reprit en chœur :


Yo-ho-ho ! et une bouteille de rhum !


et au troisième ho ! tous poussèrent avec ensemble sur les barres de cabestan.

Malgré la minute palpitante, je fus reporté sur l’instant à l’Amiral Benbow, et je crus entendre se mêler au chœur la voix du capitaine. Mais coup sur coup l’ancre sortit de l’eau, ruisselante, et s’accrocha aux bossoirs ; puis les voiles prirent le vent, la terre et les navires défilèrent à droite et à gauche. Avant que je me fusse couché pour prendre une heure de repos, le voyage de l’Hispaniola était commencé, et elle voguait vers l’Île au Trésor.

Je ne relaterai pas en détail ce voyage. Il fut des plus favorisés. Le navire se montra excellent, les gens de l’équipage étaient de bons matelots, et le capitaine connaissait à fond son métier. Toutefois, avant d’atteindre l’Île au Trésor, il se produisit deux ou trois incidents que je dois rapporter.

Pour commencer, M. Arrow se révéla pire encore que ne le craignait le capitaine. Il n’avait pas d’autorité sur les hommes, et avec lui on ne se gênait pas. Mais ce n’était pas le plus grave ; car, après deux ou trois jours de navigation, il ne monta plus sur le pont qu’avec des yeux troubles, des joues enflammées, une langue balbutiante ; bref, avec tous les symptômes d’ivresse. À plusieurs reprises, il fut mis aux arrêts. Parfois il tombait et se blessait, ou bien il passait toute la journée étendu dans son hamac de la dunette ; d’autres fois, pour un jour ou deux, il était presque de sang-froid et remplissait à peu près ses fonctions.

Cependant, nous n’arrivions pas à découvrir d’où il tenait son alcool. C’était l’énigme du bord. Malgré