Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/138

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Dick le regarda avec étonnement ; puis se tourna et regarda autour de lui dans le hall vide.

— Que faites-vous ? demanda-t-il.

— Quoi ? rien ! répliqua le prêtre dont l’expression s’adoucit aussitôt. Je ne fais rien ; mais je souffre ; je suis malade. Je… je… de grâce, Dick, il faut que je m’en aille. Sur la vraie croix d’Holywood, je suis innocent, soit de violence, soit de perfidie. Soyez satisfait, mon enfant. Adieu !

Et il s’échappa de la pièce avec une vivacité inaccoutumée.

Dick resta cloué sur place, ses yeux errant autour de la chambre ; sa figure était l’image changeante de sentiments variés : étonnement, doute, méfiance, amusement. Peu à peu sa pensée se fit plus claire, la méfiance prit le dessus et fut suivie de la certitude du pis. Il leva la tête et, tout à coup, tressaillit violemment. Haut, sur le mur, la tapisserie représentait un chasseur sauvage ; d’une main, il portait une corne à sa bouche et, de l’autre, il brandissait une forte lance. Sa peau était foncée, car il était censé figurer un Africain.

Or, voici ce qui avait surpris Dick Shelton. Le soleil s’était éloigné des fenêtres, et, en même temps, le feu avait flambé haut sur le large foyer et répandu une teinte changeante sur le plafond et les tentures. Dans cette lumière, le chasseur