Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/219

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ment allons-nous ? Sommes-nous en bon chemin ? Nous en tirerons-nous ?

— Maître Shelton, répliqua Lawless, j’ai été Frère Gris, j’en remercie la fortune…, archer, voleur et matelot. De tous ces vêtements, j’avais la meilleure envie de mourir dans celui du Frère Gris comme vous pouvez bien le penser, et la moindre envie de mourir dans la veste goudronnée du matelot ; et cela pour deux excellentes raisons : premièrement, parce que la mort peut prendre un homme subitement ; et la seconde, à cause de l’horreur de l’asphyxie dans ce grand bain salé sous mon pied ici… et Lawless frappa du pied. Cependant, continua-t-il, si je ne meurs pas d’une mort de marin, et cela cette nuit même, je devrai une fière chandelle à Notre-Dame.

— C’est vrai ? demanda Dick.

— Parfaitement, répliqua l’outlaw. Ne sentez-vous pas comme le bateau se meut lourdement et lentement ? N’entendez-vous pas l’eau qui baigne sa cale ? Il sera à peine sensible au gouvernail à présent, attendez qu’il s’enfonce un peu plus ; et, ou bien il descendra sous vos pieds comme un bloc de pierre, ou dérivera sur la côte, ici, sous notre vent, et se mettra en pièces comme un paquet de ficelle.

— Vous parlez avec bon courage, répliqua Dick. Et vous n’êtes pas épouvanté ?

— Pourquoi, maître ? répondit Lawless ; si