Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chrétien, je peux vous offrir une coupe de vin et un bon feu pour fondre la moelle de vos os gelés.

— En avant Will, répondit Dick. Une coupe de vin et un bon feu ! Je ferais un fameux détour pour les voir.

Lawless tourna de côté sous les branches dénudées du bosquet, et, marchant quelque temps, d’un pas résolu, arriva à une excavation ou caverne escarpée dont un quart était plein de neige. Sur le bord, un grand hêtre se penchait, les racines saillantes ; et le vieil outlaw, écartant quelques broussailles, disparut tout entier dans la terre.

Le hêtre avait été à moitié déraciné par quelque violent orage et avait arraché une étendue considérable de gazon ; et c’était là-dessous que le vieux Lawless avait creusé sa cachette forestière. Les racines lui servaient de poutres, le gazon était son chaume ; pour murs et plancher, il avait sa mère la terre. Si grossière qu’elle fut, le foyer noirci par le feu dans un coin et la présence dans un autre d’une grande caisse de chêne consolidée avec du fer montraient, au premier coup d’œil, que c’était le repaire d’un homme, non le terrier d’une bête.

Quoique la neige se fût amoncelée à l’ouverture, et eut pénétré sur le sol de cette caverne de terre, l’air y était cependant beaucoup plus chaud qu’au dehors ; et lorsque Lawless eut fait jaillir une étincelle et que les branches de genêt se mirent à