Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/245

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gues, de parfums et de sorts, et, avec ceux-ci, toutes espèces de prêtres, frères ou pèlerins étaient les bienvenus à la table inférieure et dormaient pêle-mêle dans les grandes soupentes ou sur les bancs nus de la longue salle à manger.

Dans l’après-midi qui suivit le naufrage de la Bonne Espérance, l’office, les cuisines, les écuries, les remises couvertes qui entouraient deux côtés de la cour, étaient encombrés de flâneurs, les uns appartenant à Sir Daniel et vêtus de sa livrée rouge foncé et bleue, les autres, étrangers sans aveu, que l’avidité attirait vers la ville, et que le chevalier recevait par politique et parce que c’était l’usage de l’époque.

La neige, qui continuait à tomber sans interruption, l’âpreté extrême de la température, et l’approche de la nuit contribuaient à les faire rester à l’abri. Le vin, l’ale, l’argent abondaient ; beaucoup s’étendaient sur la paille de la grange pour jouer, beaucoup étaient encore ivres du repas de midi. Aux yeux d’un moderne, ce spectacle eut paru le sac d’une ville ; aux yeux d’un contemporain, c’était comme dans tout autre riche et noble maison à une époque de fête.

Deux moines — un jeune et un vieux — étaient arrivés tard et se chauffaient à un feu de joie dans un coin du hangar. Une cohue mêlée les entourait — jongleurs, saltimbanques et soldats : et, avec ceux-ci, le plus âgé des deux eut bientôt