Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reux est très timide sous vos yeux ; mais je vous garantis que, quand nous nous sommes d’abord rencontrés, il était plus vif. Je suis toute noire et bleue, ma fille, ne me croyez jamais si je ne suis pas noire et bleue ! Eh bien ! continua-t-elle, avez-vous tout dit ? Car il faut que je renvoie vivement le paladin.

Mais à ces mots tous deux s’écrièrent qu’ils n’avaient encore rien dit, que la nuit ne faisait que commencer et qu’ils ne voulaient pas être séparés si tôt.

— Et le souper ? demanda la jeune dame, ne devons-nous pas descendre au souper ?

— Ah ! c’est vrai ! dit Joanna, je l’avais oublié.

— Cachez-moi alors, dit Dick, mettez-moi derrière les tentures, enfermez-moi dans un coffre, ou tout ce que vous voudrez, que je sois là quand vous reviendrez. Songez donc, belle dame, dans quelle triste situation nous sommes, et que nous ne devrons jamais plus nous revoir, après cette nuit jusqu’à l’heure de notre mort.

À ces mots, la jeune dame s’adoucit, et, quand, peu après, la cloche convia la maison de Sir Daniel à passer à table, Dick fut planté bien droit contre le mur à un endroit une séparation dans la tapisserie lui permettait de respirer librement et même de voir dans la chambre.

Il n’avait pas été longtemps dans cette position, quand il fut assez bizarrement dérangé. Le silence