Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/31

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Tel était le cas de Kettley, tombé tout récemment dans ses griffes ; il rencontrait encore de l’opposition de la part des tenanciers ; et c’était pour décourager le mécontentement qu’il avait conduit ses troupes par là.

Vers deux heures du matin, Sir Daniel était assis dans la salle d’auberge, tout près du feu, car il faisait froid, la nuit, dans ce pays de marais. À portée de sa main, un pot d’ale épicée. Il avait ôté son casque à visière, et était assis, sa tête chauve au long visage sombre, appuyée sur une main, chaudement enveloppé dans un manteau couleur de sang. À l’autre bout de la salle, une douzaine de ses hommes environ étaient en sentinelles près de la porte ou dormaient sur des bancs ; et, plus près de lui, un jeune garçon, paraissant âgé de douze ou treize ans, était étendu dans un manteau sur le plancher. L’hôtelier du Soleil était debout devant le grand personnage.

— Écoutez-moi bien, l’hôtelier, disait Sir Daniel, si vous suivez bien mes ordres, je serai toujours pour vous un bon maître. Il me faut de solides gaillards pour les principaux bourgs, et je veux Adam-a-More comme connétable ; veillez-y. Si l’on en choisit d’autres, vous n’y gagnerez rien ; ou plutôt, il vous en cuira. Quant à ceux qui ont payé l’impôt à Walsingham, je saurai prendre des mesures… cela vous concerne aussi, l’hôtelier.

— Bon chevalier, dit l’hôtelier, je vous jure sur