Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/335

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Il fallait donc que Dick se mît en quête de Joanna pour la protéger ; et, pour cela, il regarda autour de lui les figures de ses hommes. Il mit à part les trois ou quatre qui lui parurent devoir être les plus obéissants et les plus sobres, et, leur promettant une riche récompense et une recommandation spéciale pour le duc, il les conduisit par la place au marché, vide alors de cavaliers, dans les rues au delà. Partout de petits combats, en pleine rue, depuis deux hommes jusqu’à une douzaine ; çà et là une maison était assiégée ; les défenseurs jetaient les escabeaux et les tables sur la tête des assaillants. La neige était couverte d’armes et de corps, mais, sauf ces combats partiels, les rues étaient désertes, et les maisons, les unes grandes ouvertes, d’autres, fermées et barricadées, avaient, la plupart, cessé de répandre la fumée de leur foyer.

Dick, côtoyant ces escarmouches, conduisit vivement ses hommes dans la direction de l’église de l’abbaye ; mais, quand il déboucha dans la rue principale, un cri d’horreur s’échappa de ses lèvres. La grande maison de Sir Daniel avait été prise d’assaut. Les portes pendaient en morceaux hors des gonds et une double poussée entrait et sortait continuellement, cherchant et emportant du butin. Pourtant, dans les étages supérieurs on résistait encore aux pillards ; car, juste au moment où Dick arrivait en vue de la maison, une fenêtre