Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/371

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— Accepté, cria Alicia ; mais Joanna se contenta de serrer les bras de Dick.

Ils allèrent donc en avant, à travers des bocages ouverts et sans feuilles et sur des allées revêtues de neige, sous la face blanche de la lune hivernale : Dick et Joanna marchant la main dans la main, au septième ciel ; et leur frivole compagne, ayant oublié complètement les malheurs, suivait à un pas ou deux en arrière, tantôt raillant leur silence, et tantôt faisant d’heureuses descriptions de leur vie future et unie.

Cependant, au loin dans les bois, on pouvait entendre les cavaliers de Tunstall qui continuaient leur poursuite ; et de temps en temps des cris ou le bruit des armures annonçaient le choc des ennemis. Mais, en ces jeunes gens, élevés dans les alarmes de la guerre, et sortant d’une telle multitude de dangers, ni la crainte, ni la pitié ne pouvaient être éveillées facilement. Satisfaits d’entendre les sons s’éloigner de plus en plus, ils s’abandonnèrent au bonheur présent, marchant déjà, comme le dit Alicia, en un cortège nuptial ; et ni la triste solitude de la forêt, ni la nuit froide et gelée n’eurent le pouvoir de faire ombre à leur bonheur ou de les en distraire.

Enfin, du haut d’une colline, ils virent en bas le vallon de Holywood. Les grandes fenêtres de l’abbaye de la forêt brillaient avec des torches et des chandelles ; ses hautes tourelles et ses