Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/55

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Vous feriez mieux de tourner vos talons et de prendre le pont.

— Non, je suis très pressé, répondit Richard. Le temps vole, passeur. Je n’en ai pas à perdre.

— Quel homme entêté, répondit le passeur, se levant. Si vous arrivez sain et sauf à Moat-House, vous aurez de la chance ; mais je n’en dis pas plus. Puis, apercevant Matcham : Qui est celui-ci ? demanda-t-il, en s’arrêtant, avec un clignement de l’œil, sur le seuil de sa hutte.

— C’est mon parent, maître Matcham, répondit Richard.

— Bien le bonjour, bon passeur, dit Matcham qui avait mis pied à terre, et s’avançait, tenant le cheval par la bride. Préparez-moi votre bateau, je vous prie ; nous avons grande hâte.

Le maigre passeur le regardait fixement.

— Par la messe ! dit-il enfin, et il rit à gorge déployée.

Matcham rougit jusqu’aux oreilles et frissonna ; et Dick, avec un air de colère, mit la main sur l’épaule du butor.

— Eh bien, quoi ! cria-t-il. Occupe-toi de tes affaires, et cesse de te moquer de ceux qui sont au-dessus de toi.

Hughes le passeur délia son bateau en grommelant et le poussa un peu vers l’eau profonde. Puis Dick fit entrer le cheval et Matcham suivit.

— Vous êtes vraiment bien petit, maître, dit