Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/74

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amis ; et quelques-uns ont été mis hors la loi — tous opprimés ! Qui a fait cela ? Sir Daniel, par la croix ! Doit-il ainsi prospérer ? doit-il rester tranquillement dans nos maisons ? doit-il labourer nos champs ? doit-il sucer l’os qu’il nous a volé ? Je jure que non. Il s’est arrogé force de loi ; il a gagné des causes ; mais il y en a une qu’il ne gagnera pas. J’ai ici, à la ceinture, une sommation qui, plaise à Dieu, le vaincra.

Lawless, le cuisinier, en était à sa seconde coupe de bière. Il la leva comme pour un toast à l’orateur.

— Maître Ellis, dit-il, vous voulez la vengeance — cela vous convient ainsi ! — mais votre pauvre frère qui n’eut jamais rien à perdre, ni terre ni amis, pense plutôt, pour sa part, au profit de la chose. Il aimerait tout autant un noble d’or et une cruche de vin de canarie que toutes les vengeances du purgatoire.

— Lawless, répliqua l’autre, pour atteindre Moat-House, Sir Daniel doit passer par la forêt. Nous lui ferons le passage plus cher, parbleu, que n’importe quelle bataille. Alors, quand il sera à terre avec la poignée en haillons de ceux qui nous échapperont, tous ses grands amis tombés et en fuite et nul pour l’aider, nous assiégerons ce vieux renard et grande sera sa chute. C’est un gras chevreuil, nous en aurons chacun notre part.

— Oui, répondit Lawless ; j’en ai déjà mangé