Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/76

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sur l’herbe et s’endormirent immédiatement comme des boas ; d’autres causaient ou examinaient leurs armes, l’un, dont l’humeur était particulièrement gaie, tendit une corne de bière et se mit à chanter.


Il n’y a pas de lois dans la bonne forêt verte,
Ici on ne manque pas de vivres,
C’est joyeux, tranquille, avec du gibier pour notre ordinaire.
En été tout est doux.
Vienne l’hiver avec le vent et la pluie,
Vienne l’hiver avec la neige et les frimas,
Rentrez chez vous le capuchon sur la figure,
Et mangez au coin du feu.


Pendant tout ce temps, les deux jeunes gens avaient écouté, serrés l’un contre l’autre ; Richard avait seulement détaché son arc et tenait tout prêt le grappin dont il se servait pour le bander. Ils n’avaient pas osé bouger et cette scène de vie en forêt s’était déroulée sous leurs yeux comme une scène de théâtre. Mais voici que le spectacle changea d’une façon singulière. La grande cheminée qui dominait les ruines s’élevait juste au-dessus de leur cachette. Il y eut un sifflement dans l’air, puis un bruit sonore et les fragments d’une flèche tombèrent près d’eux. Quelqu’un d’un endroit plus élevé du bois, peut-être la sentinelle qu’ils avaient vue postée dans l’if, avait lancé une flèche sur le haut de la cheminée.

Matcham ne put retenir un petit cri qu’il étouffa aussitôt, et Dick, surpris, lâcha le grappin. Mais